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 Association pour la Recherche  l’Alphabétisation et la Formation ( A.R.A.F. )

Mr: N’Faly CONDE, Professeur de Math – Physique

Directeur Exécutif de l’ONG Nationale

CONAKRY / Rép. de GUINEE

BP :  1119 Tél. : 46 – 45 – 95

THEME :  LANGUE ET SOCIETE  EN AFRIQUE


LANGUE ET ART AFRICAIN :

LANGUE ET COMMUNICATION DE MASSE :

LANGUE ET ECONOMIE EN AFRIQUE :

LANGUE ET POLITIQUE :


1°/ LANGUE ET ART AFRICAIN :

 Le dictionnaire français définit ainsi la LANGUE :

     ·        Organe charnu, mobile situé dans la bouche et servant à la déglutition et à la parole.

     ·        Système de signes vocaux  propre à une communauté d’individus. 

          Le dictionnaire N’KO définit le même mot (kan) ainsi : 

     ·        kuun tugun yila fadi Töö la. Ce qui signifie littéralement, l’organe qui relie la tête au reste du corps. 

     ·        Siya kelen kumakan suguya : littéralement, le parlé d’une même race (groupe ethnique) =  ensemble des signes vocaux propre à une communauté d’individus.

     Comparées, ces deux définitions nous inspire une remarque fondamentale et caractéristique de la façon dont chacune d’elle voit l’origine de la parole. 

      Physiquement parlant, le français voit la langue comme le résultat de la vibration de l’organe charnu se trouvant dans la bouche  (la langue).

 Tandis que le N’KO voit la langue comme le résultat de la vibration de la gorge.

 Mieux, le mot KAN est attribué à toute chose. Ainsi on dira par exemple :

     ·  Mögö kan (la langue de l’être humain) ;

·        Wada kan (la langue de l’animal) ;

·        Yiri kan (la langue de l’arbre) ;

·        Föyö kan ( la langue du vent).

      Je ne sais pas qui des deux est plus proche du concept scientifique de la notion de son.

      Mon propos  se situe ailleurs,  au niveau de la liaison qu’il faut faire entre le concept et le comportement du groupe linguistique qui définit le mot.

 Le fait que le Mandingue attribue à toute chose une langue fait qu’il communie avec la nature en toute chose.

     ·        Les artistes comprennent la langue de leurs instruments.

·        Les sorciers dans la forêt sacrée comprennent la langue de la faune et de la flore.

·        Le sculpteur comprend lui aussi la langue de son masque. 

      C’est cette richesse du langage qui fonde la richesse du  patrimoine artistique du continent.

      Toute fois il faut être initier et c’est là le rôle éducateur des langues africaines.

 2°/ LANGUE ET COMMUNICATION DE MASSE :

      Trois phénomènes sont aujourd’hui interdépendants et liés par une dialectique qui fait de  chacun, tantôt une cause, tantôt un effet. Ce sont :  l’analphabétisme,  le développement et la démographie.

      Cette unité dialectique fait que l’analphabétisme ne saurait être séparé de son contexte de développement ni de celui de la démographie. (Théorie et pratique de l’alphabétisation UNESCO /OCED 1988).

      On reconnaît aujourd’hui que l’analphabétisme est la cause première du sous développement du continent noir.

      Or, tant que celle-ci restera dominée par la langue étrangère, la communication, fondement de toute éducation de masse, ne peut prendre le qualificatif de communication de masse.

Le malinké dit : könö lakamuru le da di. (littéralement, le couteau qui permet

d’ouvrir le ventre est la bouche). C’est à dire que l’expression de la pensée d’un individu est la parole. C’est lorsque quelqu’un parle qu’on peut savoir ce qu’il pense, ce qu’il y a en son fort intérieur.

   Or la langue est le véhicule de la parole entre les individus. Ceux d’une même communauté qui ne parlent pas la même langue ne peuvent communiquer aisément ni par la parole ni par l’écrit.

    En Guinée, depuis la libéralisation des initiatives privées la presse écrite a connu un développement sans précédent dans l’histoire du pays. Des journaux de toute nature sont sur le marché à la disposition des populations pour leur information (bien que leurs prix soient sans commune mesure avec leur pouvoir d’achat).

      Dans cette mosaïque de journaux, deux seulement paraissent en langue nationale (N’KO) SOMOYA SILA imprimé en Guinée et YELEN produit en Egypte.

      Les masses populaires ont soif de révolution. Celle qui amènerait les responsables à penser à eux, en prenant en compte leurs aspirations, à communiquer eux aussi par écrit dans leur langue.

      Elles se bousculent même à la porte afin de participer au développement de leur continent.

      Exemple terre à terre, à la librairie N’KO de SANOUSSI DIANE  à Conakry, Librairie ravitaillée par les éditions des écrits de feu SOULEYMANE KANTE et faites par BABA DIANE en Egypte ici, les locuteurs N’KO réclament dès le premier de chaque mois, leur mensuel SOMÖYA SILA manuscrit, ou YELEN édité lui aussi en Egypte par BABA DIANE.

     Faute de ressources financières le dernier numéro de YELEN,  est paru depuis juin 2000 tandis que SOMÖYA SILA vit de ses maigres ressources sans pouvoir jamais satisfaire ses lecteurs.

Pour la petite histoire, le Gouvernement guinéen vient d’accorder environ, trois cent millions de francs guinéens (300 000 000 FG) à la presse privée.

Le Conseil National de la Communication pensera-t- il  aux journaux  des langues nationales ? Rien n’est moins sûr,  car il n’est pas sûr que le conseil connaît l’existence de ces mensuels en langue nationale  qui,  pourtant sont distribués sur toute l’étendue du territoire et même dans toute la sous - région.

      Et nous continuons à nous en prendre au colonialisme, au néo- colonialisme.

Pour moi, l’Afrique doit cesser de rejeter toute la responsabilité de son mal- développement sur d’autres, se regarder en face et combattre la cause du mal du moment qu’elle est trouvée.

Vue sous cet angle le problème de la communication de masse est un problème africain des africains eux-mêmes. ELLE EST LINGUISTIGUE.

 

3°/ LANGUE ET ECONOMIE EN AFRIQUE :

      Il y a aujourd’hui, accord unanime sur l’importance de l’éducation généralisée et spécialisée sur le développement économique et social.

Le progrès de celui-ci est dans une large mesure, fonction de la manière dont les programmes d’éducation s’adaptent aux nécessités et aux nouveaux besoins créés par les progrès technologiques.

     Ainsi, l’importance du facteur formation est-elle évidente dans les pays en voie de développement où, à quelques exceptions près, on ne peut conclure à une insuffisance de ressources naturelles mais plus généralement, à l’insuffisance d’exploitation des terres et de la mise en valeur des ressources disponibles.

     Le problème est plutôt un problème de savoir-faire et de qualification nécessaire pour assurer un accroissement substantiel de la productivité, l’exploitation des ressources disponibles et l’utilisation efficace de ces ressources pour les besoins du développement.

     Il paraît évident que le développement endogène global, est notamment subordonné à la croissance du potentiel scientifique et technique laquelle est sans doute pour une part importante, fonction de l’expansion quantitative et qualitative du système éducatif national.

    Comment envisager alors, une simple croissance du potentiel scientifique  et technique dans un milieu analphabète ?

    En effet, un principe pédagogique reconnu et admis par tous, est que l’on parte du pré – requis de l’apprenant, le premier et le plus important étant la langue.

    En alphabétisation et éducation de base, ceci n’est plus à démontrer.

    « Alphabétiser dans une langue étrangère, c’est imposer aux étudiants,  en plus de difficultés liées à l’apprentissage du mécanisme de lecture et d’écriture, celles liées à l’acquisition du vocabulaire et des structures morpho – syntaxiques de cette langue ».

     « Apprendre à lire et à écrire dans une langue autre que la langue maternelle  risque de demeurer superficiel et sans commune mesure avec les connaissances de ceux qui ont appris à lire et à écrire dans la langue dont leur mère se servait pour leurs chanter des berceuses. C’est aussi prendre le risque de s’éloigner des conditions qui rendent possible une contribution des participants à la définition des problèmes et des besoins aussi bien que des solutions en relation avec les savoirs et les normes du milieu ».

    Ainsi, N’KO en tant que langue de culture, dont la structure morpho – syntaxique étudiée et bien structurée par le SAVANT KANTE SOULEYMANE, devient aujourd’hui un outil de développement au service des locuteurs mandingues qui couvre aujourd’hui un vaste espace  africain dont l’unité linguistique ne rencontrerait pas d’obstacle insurmontable.

     En effet, d’une façon générale, « l’unification est déjà faite sur le plan oral. L’unification s’opère notamment dans les villes, grâce au regroupement de populations d’origines diverses ».

    De plus, des programmes de formation en gestion et d’information en langue nationale dans le cadre de divers programmes de développement ont été mis en œuvre par ARAF de 1995 à ce jour. Les résultats sont très satisfaisants.

     La langue est un outil de développement rapide et efficace que nos Etats doivent mettre au service des populations par le biais des programmes de développement et projets initiés ça et là dans nos pays.

     Des programmes d’alphabétisation fonctionnelle élaborés sur les outils de gestion, les textes de lois, les thèmes de vulgarisation agricole, d’éducation sanitaire, permettront d’obtenir dans un temps relativement court des résultats spectaculaires.

     Depuis longtemps l’Afrique tente de forger les instruments  de son développement économique et culturel. Mais quel développement ?

     « Si ce développement n’est pas endogène, il risque d’aller à l’encontre du contexte culturel et économique traditionnel de l’existence quotidienne, voire de la bouleverser » (UNESCO).

     Seule l’intégration des langues nationales dans la dynamique du développement pourrait accroître les chances de ce développement endogène.

4° LANGUE ET POLITIQUE :

      Le dictionnaire français définit la politique comme la science et l’art de gouverner un Etat.

Voici la définition et le développement qu’en donne KANTE SOULEYMANE .

Cette conception qui  n’est pas d’ailleurs fondamentalement différente, met en évidence la relation LANGUE et POLITIQUE.  

    Permettez que je reprenne le texte intégralement en N’KO puis,  que j’en fasse une traduction aussi fidèle que possible en français.

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      Ainsi la politique est bien un art. Si nos dirigeants pouvaient comprendre et faire comprendre aux populations qu’ils gouvernent cette conception africaine de la politique dans leur langue et leur langage, beaucoup de frictions inutiles pourraient être évitées. MALHEUREUSEMENT, les dirigeants qui comprennent et parlent leur propre langue ne sont pas légions en Afrique.

    Là également un manque d’engagement politique à introduire les langues nationales dans l’enseignement contribue à perpétuer l’ignorance des cadres et les éloigne des administrés.

    Quelqu’un m’a posé la question de savoir pourquoi le N’KO a fait une percée si spectaculaire en si peu de temps ? ( De 1949, création de l’alphabet à l’an 2001 soit 52 ans).

    Je lui ai répondu que, c’est tout simplement que le N’KO est dans les mains du  peuple et à son service. Comme KANTE SOULEYMANE lui-même l’a si bien dit de façon imagée et avec humour :

    « Les gens cherchent le N’KO dans le ciel alors qu’il se trouve au pied de l’aubergine au tour de la case ».

     Au risque de nous répéter, disons que l’Afrique doit maintenant plus qu’hier, non plus venter le mérite de ses langues, mais les utiliser effectivement au service du développement économique, social et culturel du continent.

     Pourquoi tous ces programmes coûteux de recherches sur les langues africaines ?

     Est ce pour prouver qu’elles peuvent se comparer sur le plan scientifique et technique aux langues internationales de communication ?

     Elles le sont belle et bien. Ces langues dont on vente les mérites, se sont forgées par la pratique quotidienne.

     Pourquoi l’Afrique doit-elle attendre le résultat de ces recherches qui ne finssent pas de se chercher ?

     Utilisons nos langues, effectivement, concrètement dans tous les secteurs de la vie de nos nations (politique, économique, sociale et culturelle….).

     En ce sens les masses populaires, encore une fois de plus, sont au devant de leurs responsables (intellectuels). Puisse le Tout Puissant les éclairer. Amen !  


E-mail: nko@kanjamadi.com  Tel : ( +2) 0123349264

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